Qui êtes-vous, Bêtes immondes
Qui dans l’ombre dirigez le monde ?
A quoi ressemble votre corps ?
Nul vivant chez les animaux,
Contredisez-moi si j’ai tort,
Ne se vêt en desperado.
Du Lion vous avez la force
Ainsi que du Renard la ruse.
Prêts à n’importe quelle entorse,
A croire que cela vous amuse !
Chez l’Aigle avez dû vous servir,
Tant des ailes pour leur envergure
Que des yeux au regard si dur.
A moins que ce soit l’oiseau-lyre.
La hyène est en vous, aucun doute
Charogne est qui ne vous écoute.
Aucun cadeau pour l’opposant,
Jusqu’à le voir agonisant.
De la Vipère ou du Crotale
Vous vous chargez en venin
Et ce n’est qu’à l’état létal
Qu’il deviendra un bon prochain.
A quoi ressemble votre visage ?
Ici aussi patchwork savant
Pour lui donner une belle image
Qui le rendrait presque charmant.
Le fourmilier inspire la bouche,
Assortie de sa langue farouche
Tout ce qui s’approche est bon à prendre
Pourvu qu’un gain soit à attendre.
Dans les affaires besoin de nez
Nul ici donc s’étonnera
Que vous ayez choisi le rat
Qui sait de loin parfums flairer
De la mouche son œil à facettes :
Ne rien rater, de toute part,
C’est en cherchant à l’aveuglette
Que se provoque fruit du hasard.
Joues bien repues d’hippopotame.
De rien manquant, Messieurs et Dames,
Matins et soirs chez vous bombance
Depuis l’alpha de vos enfances.
A quoi ressemble votre esprit ?
Un doux mélange plutôt complexe
De mal et bien, jusqu’au déni,
Qui peut laisser parfois perplexe.
Du Caméléon vous aimez le ton
Et son art de l’adaptation
Pour fabriquer un beau cocon
Où enfermer vos convictions
Camouflés tels des Crocodiles,
Vous savez que pour être habiles
De la masse il faut vous cacher
Pour ne pas être démasqués.
Alors c’est loin des caméras
Auxquelles laisser tous les fatras
Que pour jouir de vos tas d’or
Vous vous rêvez en matador
Restez cachées, Bêtes immondes
Lancez au front vos marionnettes
Bien trop heureuses, de leurs facondes
De vous servir, en estafettes.
© Pierre Couchard