Oh Madame si mes songes, avant l’heure de mourir
Parvenaient à vos sens encore prompts à jouir !
Serait-il alors sain de nouer relation
Pour un discret voyage loin des regards espions ?
Tristesse à mon grand âge de savoir trop lointains
Quelques vieux souvenirs d’anciens plaisirs coquins
Où jeux de langues à deux, de la cuisse ou des lèvres
S’amusaient à choyer en grand art, tels orfèvres.
Nul besoin de promesses, un plaisir éphémère
Comme dans l’air est le vent, peut lui-seul se complaire.
Le vouloir suffit-il, ce qui déjà présage
D’un moment délicieux, sans risque de naufrage.
Du désir à l’action, de la pensée à l’acte,
Comment user de ruse ? Tout est affaire de tact.
Mais à trop vouloir taire, il est quasi certain
Que l’idée suggestive devienne eau de boudin.
Fomenter un tel plan, que la morale réprouve
Qui va le provoquer, du chien ou de la louve ?
Se poser la question, sans réponse apporter
Risque hélas in fine de le voir avorter.
Maintenant renoncer, alors que nos esprits
Se sont émoustillés jusqu’à créer l’envie ?
Soyons fous l’un et l’autre, n’attendons plus avant
Pour s’offrir en partage notre sève des amants !