La Cimi et la Fourgale
Ont mis de l’eau dans leur vin.
Dans son coin chaque animal
Plus de l’autre ne s’est plaint.
Autrefois bien arrêtées
Dans leur vision de la vie
Voyaient l’autre en ennemi
Sans plus loin s’interroger.
L’une se croyait formidable
De rien ne manquant à table.
L’autre s’estimant moins bête,
Toujours prompte à faire la fête.
Le temps allait gentiment :
Chacune dans ses certitudes
Pointant du doigt ou moquant
A ses yeux viles attitudes.
Du temps qu’à force de travail
De stocks un grenier regorge
C’est à s’érailler la gorge
Qu’à côté on s’encanaille.
Puis un jour le vent tourna
Amasser n’était plus but
Pas plus que son de la flûte
Gageait de vivre en l’état
Lasse des appétits du fisc
Qui tous ses avoirs confisque
Cimi mit la pédale douce
A l’abri dans sa cambrousse
Moins de sous tombant du ciel
Fourgale pour gagner son miel
Dut se retrousser les manches
Pour se raccrocher aux branches
Si fantaisie prenait sens
Même approche pour la besogne
Ainsi vit-on sans vergogne
Du passé faire repentance
Flonflons au lieu du labeur
Là où n’était que sueur
Outils et marteaux-piqueurs
A la place des chers danseurs
De concert elles décidèrent
Qu’il n’était tort ou raison
A chacune le choix sur terre
De régler son diapason
Pas bon de choisir l’excès
Qui divise plus qu’il n’unit
Mieux vaut avoir du respect
De l’aubaine qui enrichit
La Cimi et la Fourgale
Ont mis de l’eau dans leur vin.
Dans son coin chaque animal
Plus de l’autre ne s’est plaint.
© Pierre Couchard