Grande tristesse à vous l’écrire
Pour vous me lire ce sera pire
De ce sale coup du mauvais sort
La seule issue est votre mort
Labourages et pâturages
Jugés jadis nos deux mamelles
Qui se souvient de cet adage
Enseigné dès la maternelle
Ils étaient lors plusieurs millions
Dans tous les coins de notre France
Femmes et hommes étaient légion
A nous nourrir de leurs semences
Chevaux de trait et bœufs en joug
Participaient aux travaux lourds
De ces journées c’est à genou
Qu’ils finissaient. Rien de glamour
De nouvelles mœurs, de nouveaux temps
C’est dans les villes qu’on s’agglutine
Malins les rats quittent les champs
Moins exposés à la famine
A coups d’engrais et pesticides
Part belle est faite aux rendements
Ne reste plus que le suicide
Aux plus petits des paysans
C’est dans un râle de désespoir
Qu’ils investissent la capitale
Dans la contrée un beau foutoir
Pour quelques jours puis ils remballent
Jeunot premier en bottes de paille
Nouvelle fonction et premiers coups
De son succès va faire ripaille
Mais n’ôtera leur corde au cou
Nous aurions tous dû nous lever
Et tous ensemble vous soutenir
Notre confort l’a empêché
On peut encore bien se nourrir
C’est lorsque vous ne serez plus
Que nous pourrons réaliser
Qu’en ce temps-là il eut fallu
Plus que jamais vous épauler
Lors nostalgie de vos saveurs
Devant un plat garni d’insectes
Ou d’autre carne au goût infecte
Nous comprendrons NOTRE malheur