Sans moi, Monsieur le Président.
Ne perdez donc pas tout ce temps
A gaspiller autant d’argent
Qui pue l’odeur du charlatan.
Pendant des mois, de beaux discours
Qui raviront ceux de la cour
Que vous flattez, bon troubadour,
Sachant user du style glamour.
Plutôt qu’ouïr vos simulacres
Il suffirait que l’on consacre
Juste une lune, que l’on vous sacre,
Même si l’on court droit au massacre.
Car vraiment de cette comédie,
Il faudrait faire l’économie.
Sans que ce soit le paradis,
Serait gagnant tout le pays.
Si ce n’est vous, il en faut un
Qui joue le rôle du bon tribun.
Il est acté que le prochain
Sera un même Samaritain.
Un beau parleur, fier comme un coq
Tenant propos de ventriloque
Stoïque et raide dedans son froc
Fidèle aux chefs, sans équivoque.
A tous ceux qui se sont battus
Pour exprimer leur point de vue :
Le droit de vote qu’ils ont voulu
Jusqu’à avoir la vie perdue.
Il est très dur, en leur mémoire,
De renoncer à l’isoloir.
Mais il devient bien illusoire
De trouver une échappatoire.
Le sentiment d’être ferrés
Par une clique de gens aisés,
Qui ont prévu de tout changer,
Sans aucun souhait d’en référer.
Coup précédent : déjà très grosse,
Fut la ficelle, que seul un gosse
Aurait pu voir, en chair et os
Le Prince charmant, dans un carrosse.
Point de souci, cette nouvelle fois,
En face de vous, qui fait le poids ?
Si parmi eux, certains ont foi
Jamais n’auront assez de voix.
Si le discours est infantile,
Comme vous avez la verve habile,
Et l’art aussi du mot subtil,
Sont dans la poche les gens dociles.
Vous comprendrez que je ne veuille
Me voir berné de tape-à-l’œil,
Puis cautionner dans un fauteuil,
Quoi finira en grand cercueil.
Sans moi, Monsieur le Président.
Libre est la voie, pendant cinq ans.
A grands coups de démantèlements,
France sera à feu à sang.
A votre place j’aurais du mal
Devant la glace rester loyal.
Quel bénéfice tirer du graal
Si le parcours est amoral ?