Désireux l’un de l’autre, bien qu’il soit interdit
De tout acte charnel avant noce accomplie,
Eurent l’idée de braver ce qui n’était pour eux
Qu’entrave à leur Amour crépitant comme un feu.
Dès la moindre pensée ou le moindre regard,
Aussi vifs que l’éclair, pour l’autre se déclarent.
Mais pourquoi donc attendre et ne pas satisfaire
Ce dont brûlent leurs esprits sans y voir once d’enfer ?
Aux abords de l’obscur, leurs pensées de jour tues
Vont pouvoir resurgir, aussi naïves que nues.
Dans le noir envoûtant, l’œil y voit tout en beau
Pour les joutes complices d’eux-deux en tourtereaux.
C’est un lieu qu’il leur faut, à l’abri des regards
Trouvant malin plaisir à devenir bavards.
Un éclair de génie envahit leur pensée
Près des bêtes amies ils seront isolés.
Cachés par les chevaux, en haut de l’écurie
Sans plus aucun tabou se déchaîne leur furie.
Une à une leurs étoffes, effeuillées par l’élan
Donnent aisance à leurs corps et leurs gestes gourmands.
Un mélange de parfums dans ce lit fait de foin
enivre tout autour jusqu’aux moindres recoins
Qui doivent de ces effluves garder le secret.
Il en va de leur vie de le taire sous bonnet.
Telle qu’on se l’imagine, fleur ouvrant ses pétales
surprise la main au vit qu’elle effleure du mâle,
Qui d’un bon réagit n’écoutant plus raison.
Il enjambe sa promise, envahie d’abandon.
A peine finis ces jeux fraîchement découverts,
Qu’Ils meurent déjà d’envie de remettre le couvert.
Libre cours aux ébats que la morale réprouve,
C’est pour lui le silence et pour elle pas de louve.
Combien de jeunes Amours furent ou sont empêchées
Prétextant interdits qui seraient justifiés
Par des dogmes anciens se voulant protecteurs,
Mais n’étant avant tout qu’inutiles castrateurs !
© Pierre Couchard